Cancer du sang : première mondiale à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont
8 octobre 2020
Réfractaire au traitement classique, un patient de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) a eu la vie sauve grâce à une greffe améliorée par l’ajout d’une molécule créée à Montréal. Retour sur un miracle.
Quand le patient résiste
Le patient souffrait d’anémie aplasique sévère. Cette maladie détruit les cellules souches de la moelle osseuse et conduit à un arrêt de la production des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes.
Il s’agit le plus souvent d’une maladie auto-immune, consécutive à une anomalie du système immunitaire, qui conduit ce dernier à s’attaquer aux cellules normales de la moelle osseuse. Les conséquences sont dramatiques avec des risques élevés d’hémorragie et d’infections graves qui menacent la vie des patients atteints.
Première mondiale à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont
Comme la maladie du patient résistait aux traitements habituels, il a été décidé d’avoir recours à une greffe de cellules souches extraites du sang du cordon ombilical amplifié par la molécule UM171, découverte ici à Montréal. Cette molécule permet de multiplier (par un facteur moyen de plus de 30) les cellules souches de cordon ombilical en laboratoire, ce qui rend la greffe plus sécuritaire chez les patients adultes.
Il s’agit d’une première mondiale rendue possible grâce à la découverte d’une équipe de chercheurs de l’Institut en hémato-oncologie et en thérapie cellulaire (iHOTC) de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l’Université de Montréal, dont les travaux ont grandement bénéficié du soutien de la Fondation HMR et de ses donateurs.
Greffe : de la difficulté de trouver un donneur compatible
Pour ce patient, l’équipe de transplantation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, dont fait partie le Dr Jean Roy, hématologue et chercheur clinicien à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et professeur titulaire à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, a eu recours à une allogreffe (une greffe dont le donneur est une autre personne que le patient lui-même).
L’allogreffe permet de guérir l’anémie aplasique sévère. Néanmoins, dans ces cas, quand on envisage une allogreffe, les cellules souches du donneur doivent être le plus compatibles possible avec celles du receveur pour éviter les risques de complications immunologiques. On cherche d’abord un donneur dans la famille (frères ou sœurs) ou dans les registres de donneurs non apparentés.
En l’absence de donneur familial ou non apparenté, il arrive que l’on envisage, à certaines conditions, d’utiliser les cellules souches d’un donneur familial semi-identique, (c’est à dire partiellement compatible) aussi appelé « donneur haplo-identique ». Cependant, ce membre de la famille doit être en bonne santé et disponible pour une telle intervention. Malheureusement, ce n’était pas le cas pour ce jeune patient.
Greffe de sang de cordon : avantages et inconvénients
Greffe de sang de cordon : avantages
La greffe de sang de cordon :
- Est moins exigeante sur le plan de la compatibilité;
- Représente une option pour de nombreux patients qui ont besoin d’une greffe de cellules souches, mais qui ne trouvent pas de donneur dans leur famille ou dans les registres de donneurs. Cela est particulièrement vrai pour les patients non caucasiens;
- Semble diminuer les risques de rechute chez les patients atteints de cancers hématologiques;
- Est associée à une plus faible incidence de complications immunologiques à long terme.
Greffe de sang de cordon : inconvénients
En revanche, le sang de cordon ne contient généralement pas assez de cellules souches pour un patient adulte de plus de 70 kg. Ceci entraîne une récupération lente des cellules du sang avec un risque plus élevé d’infections et de décès.
De plus, le taux de rejet du greffon, c’est-à-dire la destruction des cellules de cordon injectées au moment de la greffe par le système immunitaire du receveur, est très élevé chez les patients atteints d’une anémie aplasique sévère ayant reçu de multiples transfusions sanguines.
Et soudain surgit la molécule UM171
Alors qu’on n’avait jamais eu recours aux cellules amplifiées pour traiter ce type d’anémie, les chercheurs de l’équipe du docteur Roy ont vu juste : Ils ont réussi à guérir le premier patient adulte atteint d’anémie aplasique sévère grâce à une greffe de sang de cordon amplifié avec la molécule UM171.
Traitements par cellules souches : reprogrammer l’histoire des patients
La Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont est fière d’avoir financé, grâce à ses donateurs, les travaux du Dr Jean Roy et de son équipe en lien avec la molécule UM171.
Ces travaux démontrent toute l’importance, la puissance de la thérapie cellulaire et des traitements par cellules souches. Ils représentent la médecine de demain, mais sauvent déjà des vies aujourd’hui. Sans ce traitement novateur, ce jeune patient serait décédé. Grâce à la générosité et à l’engagement incroyables de nos donateurs, nous avons pu reprogrammer son histoire!
Pour aller plus loin
˃ Greffe de sang de cordon : une première mondiale à Montréal, Journal de Montréal, 30 septembre 2020
˃ Espoir québécois dans la lutte contre le cancer du sang, Radio-Canada, 6 novembre 2019
˃ Anémie aplasique sévère : la vie sauve grâce à la molécule UM171, Université de Montréal, 30 septembre 2020
˃ Greffe de sang de cordon: une première mondiale à Montréal, TVA Nouvelles, 30 septembre 2020